• Culture scientifique et humanités,
  • Recherche,

Anna Krykun, docteur du LIS, distinguée pour sa thèse "Être une femme de lettres en France au XXe siècle."

Publié le 16 juin 2015

Le prix AMOPA de la meilleure thèse francophone a été attribué à Anna Krykun, docteur au LIS.

Date(s)

le 29 mai 2015


Anna Krykuna a reçu le prix AMOPA de la meilleure thèse francophone pour sa thèse "Être une femme de lettres en France au XXè siècle : Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute, Marguerite Yourcenar " (sous la direction de Tetyana Ogarkova, professeur de littérature à l'Université Mohyla à Kiev et Sylvie Jouanny, professeur de littérature du 20ème siècle à l'Université Paris-Est Créteil).

Résumé
de la thèse
Le parti-pris de la présente recherche consiste à récuser l’autonomie de l’œuvre littéraire, afin de tenter une lecture des textes de trois auteurs féminins français du XXe siècle à la lumière des représentations de la femme qui écrit dans l’imaginaire collectif de l’époque. Ce parti-pris définit non seulement l’angle de vision de la chercheuse, mais aussi sa manière de présenter les résultats de ses réflexions, lesquelles ont en effet pris la forme de trois amples allers-retours entre, d’une part, l’analyse des réseaux discursifs (médiatiques, scientifiques, littéraires) contemporains de la période examinée dans chacune de trois parties de la thèse et, d’autre part, les textes des femmes-écrivains qui relèvent de la même période. S’inspirant de l’approche conceptuelle et des méthodes du nouvel historicisme, de la sociologie de l’art et des études de réception, ce travail cherche à saisir ce que le fait de débuter une carrière d’écrivain dans la première moitié du siècle dernier pouvait impliquer pour un auteur féminin.
L’examen des opinions accréditées et des idées reçues qui circulaient à l’époque au sujet de la littérature féminine permet ainsi de relever que les divers avis concernant les particularités du style des auteurs-femmes convergeaient tous en un point crucial : l’image de la femme-écrivain est avant toute celle d’une autobiographe contre son gré. En effet, la femme – censée être spontanée, sensuelle, émotive, narcissique et naïve –  semblait prédisposée à ne traiter dans ses écrits que les expériences qu’elle avait elle-même vécues. Cette mise en contexte nous permet d’éclairer les conditions de construction de l’identité d’écrivain de ces femmes à qui il est échu par le sort d’écrire – c’est-à-dire de se publier, de se placer sous le regard du public, ou encore de se faire (re)connaître – dans la France du XXe siècle. Il s’avère ainsi que le consensus général sur la nature de la créativité féminine et sur les limites du génie créateur de la femme a beaucoup joué non seulement dans leur refus de toute filiation avec écrivaines des générations précédentes, mais aussi dans l’identification qu’elles font de la littérature avec, d’une part, la conquête et l’affirmation de la singularité, et d’autre part, avec les plus audacieuses transgressions.
Mots clefs : femmes créatrices, subjectivation, image de soi.