Soutenance de thèse - Jean-Philippe Qadri

Présentation

Cette thèse sur travaux réunit des textes, pour l’essentiel publiés entre 2004 et 2021[1], qui traitent des écrits de Jacques Ellul (1912-1994) ou J.R.R. Tolkien (1892-1973). Elle s’appuie aussi sur quatre essais publiés dans un recueil consacré à l’imaginaire tolkienien, Pour la gloire de ce monde. Recouvrements et consolations en Terre du Milieu (2016) ainsi que sur une anthologie de textes de Jacques Ellul édités en 2019 et pour moitié inédits jusqu’alors, Vivre et penser la liberté (Labor et Fides, Genève).

Ces travaux sont convoqués pour revisiter l’œuvre sociologique et théologique d’Ellul « avec » celle, littéraire, de Tolkien sous l’angle particulier de la dialectique de la puissance et de la liberté. Chez les deux auteurs chrétiens, la parole, le mythe et la fonction symbolique du langage apparaissent comme constitutifs de l’homme et de la société. Sur le modèle de la parole divine, la parole critique (Ellul) et celle de la fiction (Tolkien) sont désirées comme créatrices des conditions de la connaissance et de la responsabilité dans un monde bouleversé par nos œuvres.

Au-delà de l’apport d’outils de recherche inédits (un index analytique du Seigneur des Anneaux dans sa version révisée (2014-2016), une révision corrigée et complétée de la bibliographie de Jacques Ellul[2]), cette thèse est aussi l’occasion d’une redécouverte, celle de poèmes publiés par Ellul sous pseudonyme dans les années 1970. Il est montré comment, pour Tolkien et Ellul, la poésie est le lieu de la parole humaine par excellence, capable de vivifier l’intellect et, réciproquement, de penser l’expérience de la vie.
Que ce soit par le moyen de la fiction ou celui de la critique sociale, le propos des deux auteurs apparaît sous un jour commun : face à la menace ou aux désastres (que le lecteur du XXIe siècle peut aisément actualiser), il s’agit de se confronter à la Couronne de Fer (Tolkien), à la démesure de la Technique (Ellul) et, plus généralement, aux manifestations mortifères de la Puissance (matérielles, sociales, spirituelles). Une telle confrontation réclame de manifester une liberté individuelle orientée par l’amour du prochain et de la Création, dans l’espérance que l’action minime et apparemment sans effet de l’homme soit soutenue par l’intervention de Dieu lui-même dans l’Histoire. 

Membre du jury

• M. Christian Bassac, Professeur, Université de Lyon 2 (Rapporteur)
• M. Leo Carruthers, Professeur, Sorbonne Université (Rapporteur)
• M. Vincent Ferré, Professeur, Université Sorbonne Nouvelle (Directeur)
• Mme Yolaine Parisot, Professeur, Université de Paris Est-Créteil
• M. Florent Guénard, Professeur, Université de Paris Est-Créteil
• Mme Isabelle Pantin, Professeur, École Normale Supérieure