Séminaires de master

Publié le 4 avril 2023 Mis à jour le 6 avril 2023

MASTER LETTRES

  • Parcours Littératures, Discours, Francophonies 2022-2023
  • Littérature latine à l’âge de l’Humanisme


« Littérature latine et critique d’art à l’âge de l’Humanisme (corpus de textes traduits du latin) »
> Mme Anne Raffarin

Dès la fin du XIVe siècle en Italie s’ouvre une période que l’on appelle la Renaissance qui se prolonge et se diffuse en Europe jusqu’à la fin du XVIe s. Un univers résolument neuf se construit, au centre duquel les humanistes placent l’homme et son épanouissement intellectuel et personnel. Ils inventent notamment un type d’éducation destiné à rendre « les lettres plus humaines » et à permettre à chacun de développer ses talents propres tout en devenant un homme cultivé et libre : ce sont les studia humanitatis (les Humanités) qui fondent l’entrée dans une ère nouvelle. Le premier humanisme est une période qui voit éclore de nouvelles formes d’art, tout à la fois héritières de l’art antique et novatrices. Les textes d’auteurs aussi célèbres que Dante, Pétrarque ou Boccace s’en font l’écho, mais ne doivent pas dissimuler d’autres tentatives de description d’un phénomène artistique entièrement neuf. Dès lors se pose la question de savoir de quelles ressources linguistiques disposent les humanistes pour parler de nouvelles formes esthétiques. La rhétorique antique qu’ils possèdent à la perfection est-elle adaptée à ces formes inédites ? Le récit de l’aventure intellectuelle et culturelle que constitue l’Humanisme par ceux qui en sont alors les principaux acteurs, c’est-à-dire, l’évocation par les humanistes mêmes de la révolution qui est en train de s’accomplir, révolution par les lettres et par les arts, est un élément essentiel de l’élaboration de nouveaux idéaux. Dans cette optique, la transmission des formes littéraires et artistiques héritées de l’Antiquité est au centre des préoccupations des hommes de la Renaissance : ce sont précisément les problématiques qu’elles permettent d’envisager qui nourriront ce séminaire : nous verrons notamment comment l’art antique réinterprété et actualisé, entre dans les genres en prose comme en poésie, mais aussi très matériellement dans les livres de la Renaissance.


Littérature française des XVIe-XVIIe siècles
> M. Le Cadet, Mme Fourquet-Gracieux, M. Duyck, M. Gendrel

Littérature française des XVIe -XVIIe siècles M. Le Cadet, Mme Fourquet-Gracieux, M. Duyck, M. Gendrel « Théories et pratiques de la création littéraire (XVIe -XIXe siècles) » Semestre 2, le lundi de 9h à 12h Le séminaire portera sur les théories et les pratiques de la création littéraire de la première modernité, et plus précisément sur les liens entre imitation et création. Les premières séances, consacrées au XVIe siècle, chercheront à comprendre comment les humanistes créent à partir des mots des autres. Qu’est-ce que l’imitatio, conçue par Joachim Du Bellay comme une transformation, une digestion et finalement une création toute personnelle ? Quel est le rôle des miscellanées dans les pratiques d’écriture à la Renaissance ? Pourquoi 37 Montaigne cite-il les autres pour mieux se dire ? Comment Robert Garnier parvient-il à créer des œuvres uniques par la contaminatio des sources antiques ? Les séances suivantes montreront comment le XVIIe siècle infléchit le rapport direct au texte ancien, à travers la pratique des belles infidèles (où l’emprunt à une autre traduction française prend le pas sur la confrontation au texte-source), la réflexion sur le plagiat et la réécriture de soi (chez Cyrano de Bergerac ou Tristan L’Hermite). Il s’agira ensuite de s’interroger sur les voies de la manifestation d’une identité personnelle ou collective dans l’écriture littéraire au XVIIe siècle. La poésie « moderne » d’un Malherbe ou d’un Théophile de Viau, la chanson parodique (qui consiste à inventer des paroles nouvelles sur des airs connus), ou encore, dans le domaine religieux, la littérature mystique, permettront de dessiner diverses figures de pratiques littéraires dont l’innovation se nourrit d’un jeu sur les modèles et les autorités. Les dernières séances seront consacrées à la question du style au siècle des Lumières et au début du romantisme. De la formule de Buffon, souvent mal comprise, « le style est l’homme même » à la mise en valeur de l’inventivité individuelle par les romantiques, la question de l’imitation semble perdre en importance. En fait, elle se déplace : si les modèles passés sont rejetés, les modèles contemporains s’imposent. Le style ne s’est-il émancipé d'une instance collective, celle des genres établis, que pour en retrouver une autre, celle de l’époque ?


Littérature française du XIXe siècle
M. Damien Zanone

Littérature française du XIXe siècle M. Damien Zanone « La femme qui écrit : discours et représentations au XIXe siècle » Semestre 2, le mardi de 9h à 12h La « femme qui écrit » est une périphrase pour désigner celle qui n’a pas de nom au XIXe siècle – non plus qu’au XXe d’ailleurs, puisqu’il a fallu attendre les années 2010 pour voir se répandre et devenir courant l’emploi des termes « écrivaine » et « autrice ». Les femmes qui écrivent, pourtant, sont nombreuses au XIXe siècle, et certaines extrêmement célèbres (Germaine de Staël, George Sand). Ce phénomène frappe les esprits comme une nouveauté. Des expressions sont inventées pour parler de la femme qui écrit et qui publie : au mieux, « femme auteur », qui se veut objective mais met en avant une assignation de genre ; au pire, « bas-bleu », substantif moqueur et masculin, très fréquent. Le problème posé par ces femmes n’est pas que de lexique (comment les nommer ?), il est aussi de discours et de représentation : que dire d’elles ? Comment les montrer ? Des écrits nombreux tournent autour de la question, signés aussi bien par des hommes que par des femmes : des écrits fictionnels (romans, nouvelles), autobiographiques, polémiques, critiques, journalistiques. Sur un corpus composé d’un certain nombre d’entre eux, le séminaire s’attachera à dégager les principales lignes de discours et de représentation suscitées par la figure-type de la femme qui écrit.
 

MASTER PHILOSOPHIE

2022-2023


Une histoire philosophique conceptuelle du dix-neuvième siècle
> M. Jean-Marie Chevalier

Second semestre, le mardi 9h-12h (x 5 semaines) à partir du 24/01/23
Poursuivant l’enquête menée l’an passé sur le vingtième siècle philosophique, on progressera à rebours vers quelques concepts structurants du dix-neuvième siècle. Suivant le postulat que les problèmes philosophiques sont intemporels mais que leurs modes de résolution varient selon les époques, on montrera comment les débats se sont polarisés autour de certaines figures de la réflexion, telles que celles de fondement (des mathématiques, de la morale, etc.), d’évolution (des êtres et des lois), d’habitude ou (de sentiment) d’effort. Il s’agira en définitive de montrer que, plus que des concepts, ce sont des déplacements qui forcent les paradigmes classiques et ont contribué au redécoupage des positions philosophiques.


NATURE ET CONTRE-NATURE DANS LA PENSEE GRECQUE.
> Mme Anne-Laure Therme

Second semestre, le vendredi 10h-13h (x 5 semaines) à partir du 17/03/23
La distinction grecque entre la nature, phusis, et la norme conventionnelle, nomos, peut apparaître comme une opposition : d’un côté, les lois physiques régissant le cosmos, nécessaires et universelles, de l’autre, les lois morales et politiques par lesquelles s’instituent les régimes de valeurs des communautés humaines, fruits de décisions qui auraient pu être autres. Mais si les normes instituées peuvent apparaître comme contingentes et relatives, leurs systèmes de valeurs s’ancrent paradoxalement dans une référence à la nature, conçue comme critère ultime : le fondement du droit et de la morale est supposé être en adéquation avec les lois naturelles. Mais de quelle nature parle-t-on ? Et ne se heure-t-on pas à un paradoxe, puisque nous sommes de fait des êtres naturels et que vivre conformément à la nature se présente comme exigence d’une morale prescriptive ?
On retracera la genèse des concepts de conformité à la nature (kata phusin) et de contre-nature (para phusin) dans le monde physique afin de saisir comment ils ont été transférés dans le cadre normatif des valeurs pour en constituer un soubassement censément inébranlable.