DUMA Mihai

Doctorant contractuel - EUR-FRAPP

Publié le 5 mai 2025 Mis à jour le 5 mai 2025
Fiche sans photo

Thèmes de recherche

  • Poésie du XXe siècle 
  • Littérature et politique 
  • Littérature et engagement 
  • Écriture de la marginalité 


Présentation synthétique des recherches et de la thèse

Diplômé d’un Master de littérature roumaine de l’Université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca et d’un Master de littérature française de Sorbonne Université, je suis actuellement doctorant au sein de l’EUR-FRAPP. Mes recherches portent sur les relations entre littérature et politique au XXe siècle. Je m’intéresse en particulier à la manière dont la marginalité se traduit dans l’écriture, ainsi qu’à l’impact de la crise de la représentation après la Shoah sur la poésie du XXe siècle.

Résumé de la thèse :

Dans son cahier datant de 1962, Gherasim Luca circonscrivait ainsi la réflexion sur son identité : « Je suis l’étranjuif ». Ce mot valise, contraction entre « étranger » et « juif », fait appel à l’histoire et à la mémoire juives, à l’exode qui s’est transformé en exil, ainsi qu’au temps présent de l’écriture, puisqu’en 1962, le poète était installé à Paris depuis dix ans, loin de son pays natal. Au cœur de la construction du sujet s’installe donc une distance : sa judéité est perçue comme une altérité. Le Moi est aussi l’Autre, l’étranger à soi-même. De surcroît, une seconde distance s’installe entre l’écrivain et sa langue d’écriture : né en 1913, dans le milieu juif libéral de Bucarest, Gherasim Luca fait du français sa principale langue d’expression pendant les sombres années de la Seconde Guerre mondiale quand il s’est vu condamné à des travaux forcés à cause de ses origines juives. Son aventure poétique en français continue ensuite, dans l’après-guerre, au sein d’un groupe littéraire qui affirme son adhésion au surréalisme français : durant cette période troublée où le régime d’extrême droite vient d’être renversé et où le communisme n’est pas encore installé, ce groupe surréaliste choisit le français comme langue principale d’expression, cherchant d’emblée à nouer un dialogue avec l’extérieur et à s’affirmer dans l’espace littéraire transnational.

Le choix de Gherasim Luca d’écrire et de publier en français dans un espace littéraire qui ne partage ni frontière directe, ni histoire coloniale avec la France, nous a amené à nous demander dans quelle mesure écrire en français ne se transforme en une tactique subversive que l’écrivain adopte à la fois pour dépasser sa marginalité et pour développer une écriture poétique qui lui est propre.

Cette question guidera notre réflexion sur la posture d’écrivain et l’écriture de Gherasim Luca, mais d’autres questions se profileront à l’arrière-plan : quels seraient les outils critiques adéquats pour étudier un écrivain qui transforme une marginalité subie en une signature d’auteur ? Dans quelle mesure la posture d’écrivain francophone change-t-elle les déterminations du champ de production artistique national et transnational ? Quelle est la relation entre le politique et le poétique au XXe siècle ?


Quelques publications 

- Mihai Duma, « Michel Murat, Les Javelots de l’avant-garde. Poésie en France 1960-1980, Éditions Corti», Revue des sciences humaines [Online], 357 | 2025, Online since 03 April 2025, connection on 05 May 2025. URL; DOI