Littérature et philosophie : les frontières entre les discours
Publié le 3 avril 2023–Mis à jour le 3 avril 2023
Projet 2019-2024
L’enjeu principal de cette réflexion sur les « frontières » – terme qu’il s’agit bien évidemment de questionner – entre discours littéraire et discours philosophique est d’emblée d’éviter deux positions, voire deux postures : que la philosophie regarde la littérature par en haut pour en faire précisément la philosophie, au sens du génitif objectif (philosophie de la littérature) ; mais éviter également que la littérature ne se pense comme l’exemplification de la philosophie (littérature de la philosophie) – deux attitudes qui ont en commun de signifier par avance ce qu’est le littéraire et ce qu’est le philosophique.
Le programme consistera plutôt à penser quel type de voisinage, et partant de cohabitation (avec ce que cela implique de vie dans les parties privatives et dans les parties communes), est possible entre philosophie et littérature. On pourra se demander bien sûr s’il y a du philosophique dans les œuvres littéraires, et du littéraire dans les œuvres philosophiques (la philosophie de la littérature et la littérature de la philosophie, au sens du génitif subjectif). Mais il faudra surtout s’interroger sur la manière dont le philosophique et le littéraire, dès lors qu’ils sont pris dans un discours littéraire ou philosophique, sont réélaborés et redéfinis, comment leurs frontières sont alors déplacées ou brouillées.
Le projet du laboratoire LIS aura donc pour objet l’étude des rapports entre des domaines que les institutions ont distingués mais que les œuvres font dialoguer :
Qu’est-ce qui fait la spécificité du littéraire et du philosophique : le sujet lui-même ? le cadre formel (argumentation versus narration) ?
Comment les langages propres à chaque champ disciplinaire se contaminent-ils ?
Comment un savoir spécifique peut-il entrer dans un champ disciplinaire éloigné sans le dénaturer et sans perdre de sa substance ?
Quel type de confrontation ou de cohabitation entre ces discours peut-on opérer, et ce grâce à la richesse des sciences humaines, sociales et médicales (y compris l’histoire de l’art et la musique) ?